Partie 3/4

Nous avons vécu, aux quatre coins du monde, plusieurs semaines de confinement. Notre économie s’est arrêtée. Les avions ont cessé de voler, les trains de circuler, les voitures de rouler… La terre s’est remise à respirer. Certains y ont d’abord vu une aubaine pour l’environnement puis tous les secteurs économiques, de la culture au Medef, ont sonné l’alarme, chacun tirant, évidemment, la couverture à soi. S’agissait-il de protéger notre santé et, à travers elle, le vivant ? Ou bien de le faire taire ?

Lors d’une vision conférence[1] avec, notamment l’OMS, le Fond Mondial, la Banque Mondiale, La Fondation Bill et Melinda Gates, des laboratoires pharmaceutiques privés et publiques, Emmanuel Macron a déclaré « la lutte contre la Covid-19, un bien commun de l’humanité ». Je n’entrerai pas dans le débat qui consiste à critiquer les participants à cette conférence dont le but est d’organiser une lutte internationale efficace contre les épidémies, à commencer par la lutte contre la Covid-19, je m’interrogerai en revanche sur ce qui peut bien pousser un président à dire que la lutte contre une épidémie constitue un bien commun de l’humanité… Roméo et Juliette de Shakespeare, Le Taj Mahal, la Cité Interdite, le Château de Versailles, les chutes Victoria… que ces beautés culturelles ou naturelles, produits de la nature ou de l’esprit de l’homme constituent un bien commun de l’humanité, oui ! Mais la lutte contre une épidémie, non ! sauf à être convaincu – et c’est là une tournure tout à fait significative du mode de fonctionnement de notre entendement lorsqu’il n’y entend plus rien – que la guerre pourrait encore constituer en quoi que ce soit une issue pour l’humanité.  Si la guerre représenta le mode de conquête privilégié de l’homme pendant plusieurs millénaires, la Première Guerre Mondiale a révélé son obsolescence. L’industrialisation, en mettant face à face non plus l’intelligence des stratèges mais la force de frappe tout droit sortie des usines, imposait un autre mode de conquête, sans quoi l’humanité, tout simplement, s’auto-détruirait. Je ne dis pas qu’il n’est plus de combat. Je m’interroge sur le sens que pourrait désormais prendre nos combats, sur ce qui est à célébrer plus qu’à défendre.

L’histoire en témoigne, les alliances passées par temps de guerre sont des alliances d’autant plus éphémères qu’elles sont artificielles. Elles ne suffisent pas à faire émerger un point de rassemblement. A l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, pour assurer la pax americana, les Etats-Unis ont lancé la guerre économique. C’est elle qui a eu raison du communisme soviétique. C’est elle encore qui a poussé la Chine à un capitalisme libéral étatique, ce qui relève presque de l’oxymore. Deux décennies nous séparent de l’an 2000… Le monde s’est transformé. Il est devenu celui des nouvelles technologies, d’Internet et des téléphones portables, de la 3 puis de la 4G et bientôt de la 5G. Tous connectés, nous n’en sommes pas devenus plus solidaires. Je crois, par ailleurs, pouvoir assurer que les Etats-Unis ne recouvriront pas leur gloire d’antan… ni l’Europe. L’avenir appartient désormais à la Chine.
Au cours de cette même conférence, Emmanuel Macron appelle donc de ses vœux une réconciliation sino-américaine fortement compromise par les agissements de Trump et la logique d’empire dont la Chine ose, à nouveau, faire preuve. Cette réconciliation pourrait, en effet, jeter les bases d’une entente mondiale entre les principaux acteurs économiques lesquels, dans cette optique, comprendraient les pays du G7, du G20, les leaders du numérique et, cela va sans dire, les laboratoires pharmaceutiques. Il nous est impossible de savoir si le coronavirus est effectivement issu du plus important laboratoire de Wuhan et non de ses marchés à bestiaux. J’ai tendance à croire qu’il s’agit là d’une fake news visant à réactualiser une bonne vieille théorie du complot. Néanmoins nous pouvons affirmer que des équipes de chercheurs françaises y sont associées.
Je ne puis donc m’empêcher de considérer la politique – et plus encore la politique de santé – d’Emmanuel Macron comme une stratégie – encore que faible (la balle n’est pas dans notre camp) – visant à maintenir la France et l’Europe dans le concert des nations en s’associant aux recherches scientifiques menées par la Chine. Le but, louable, serait de ne pas perdre la main. Mais à quel prix ?

Dans ce contexte géopolitique délicat, l’arrivée du nouveau coronavirus constituerait alors effectivement un bien pour l’humanité. Le virus permettrait d’accélérer la nécessité d’une entente scientifique. Nul besoin, ici, de s’entendre vraiment. Nul besoin de plonger dans nos différences afin de nous éveiller à ce qui, plus essentiellement, fonde notre humanité. Nul besoin de ces circonvolutions subtiles, voire métaphysiques. Le temps presse. Il y a urgence. Notre santé est en jeu. Les chiffres parlent par eux-mêmes. La peur est instrumentalisée, le sujet libre et pensant, désarmé.

J’avais été extrêmement surprise par la première mesure du gouvernement Macron qui consistait à rendre huit nouveaux vaccins obligatoires en dehors de toute crise sanitaire. Quelle pouvait être la motivation d’une telle mesure sinon de créer une entente d’abord nationale, puis mondiale, forcée autour de la santé ? Fondées à partir de statistiques, établies selon la sacro-sainte méthode scientifique, les données sur lesquelles se base la Présidence de la République pour continuer de faire entendre la voix de la France sont irréfutables. Elles disent la vérité, i.e. traduisent fidèlement le discours des experts, et, par conséquent, ne peuvent que mener au souverain bien.

Soyons précis. Je ne m’oppose pas farouchement à la vaccination. Force m’est de constater que la vaccination a permis de faire reculer un certain nombre de maladies. En revanche, je m’oppose à son caractère obligatoire, et ce pour deux principales raisons :
– la première, la liberté m’est un bien inestimable que je ne voudrais, pour rien au monde, me voir ôter. A cet argument, assez banale venant d’une philosophe occidentale éprise de culture grecque, je me suis vue opposer, par certains membres du corps médical, mon égoïsme : je mettais, par mon refus de la vaccination, en péril toute l’Afrique bien moins susceptible que moi de pouvoir lutter contre la rougeole, par exemple…
– la seconde, je considère que dans nos pays où chacun a globalement accès à l’information, où il peut sans difficulté se renseigner et donc opérer des choix en fonction de ce qui lui semble le plus juste pour soi, la régulation se fait assez naturellement entre les vaccinés et les non-vaccinés, ce qui permet, globalement, d’assurer une bonne protection de la population.

Chaque année, des enfants non-vaccinés seront certainement victimes de maladies dont un vaccin auraient pu les protéger. Chaque année, d’autres enfants souffriront des séquelles rares, mais réelles, liées aux effets secondaires de la vaccination. Le risque zéro n’existe pas. La médecine occidentale est expérimentale. Sauf à prendre les individus pour des animaux de laboratoire, elle doit donc reposer sur leur consentement. Or que voyons-nous s’intensifier depuis quelques années et qu’assurément la crise du coronavirus a démasqué, tout en l’accélérant ? Une réduction croissante de nos choix en matière de santé. La raison tout d’abord avancée résidait notamment dans le déficit de la sécurité sociale qu’il fallait contenir, c’est-à-dire contrôler. Au nom du déficit, il fut décidé de ne plus rembourser l’homéopathie. Soit, après tout, quelques tubes de granules ne coûtent pas bien cher. Rares sont ceux qui ne peuvent pas se passer, pour ce type de traitement, d’un remboursement. Mais, en octobre 2019, le titre d’homéopathe fut déclaré illégal par l’Ordre des médecins[2]. Pouvaient encore y prétendre ceux qui exerçaient depuis longtemps mais nullement ceux qui sortaient des écoles, soi-disant de mèche avec les laboratoires privés… les médecins allopathes discréditaient les homéopathes. Puis ces mêmes médecins furent discrédités par les experts scientifiques qui firent passer au gouvernement l’ordre d’interdire la prescription de l’hydroxychloroquine et des antibiotiques à leurs patients atteints du covid-19. Pourquoi ? Dans quel intérêt ? Serait-ce pour nous faire accroire que seul un vaccin d’Etat, labellisé par les autorités, peut nous sauver ?

Dans l’intérêt de qui ? Des laboratoires pharmaceutiques ? Admettons que Macron soit l’ami des puissants et des riches. Il est aussi un promoteur de l’Europe. Il lutte aussi pour une France plus entrepreneuse que n’étranglera pas le poids des retraites. Sa démarche n’a rien d’aberrant. Et pourtant elle donne à beaucoup d’entre nous le sentiment d’un durcissement jouant contre la liberté individuelle. Son libéralisme sonne faux… ou plutôt creux. Nous devinons que plus rien n’en sortira d’approprié pour l’homme. Le renforcement de l’état de contrôle trahit son obsolescence.
Camille Laura VILLET

Paul Nash, Néant, 1918