Résumé

par Gaia Saitta, comédienne, metteuse-en-scène et dramaturge italienne basée à Bruxelles

Du lundi 3 au vendredi 7 août 2020

Grez-sur-Loing, Saine-et-Marne, 77880

Tarifs réduit pour tous pour les 5 jours : 250 euros
Possibilité de payer en plusieurs fois.

Possibilité d’être hébergé sur place, à un tarif préférentiel, dans la limite des places disponibles.
DATE LIMITE D’INSCRIPTION : 15 juillet 2020

Texte

Je marche lentement dans cette immense prairie. Mes pieds entrent en contact avec le sol et je me sens vivante, comme si le contact entre la peau de mes pieds et l’herbe me rappelait mes racines les plus profondes. La terre.
À chaque pas je découvre le paysage et je me répète à moi-même « je suis vivante », ce jour-là en tout cas, je me sens vivante.

Au loin, des arbres se construisent sous mes yeux comme le décor d’un théâtre. Entre leurs branches, les lumières parfaitement placées éclairent celle qui deviendra notre scène. À 10h, des projecteurs éclatants côté jardin. À 18h, une lumière diffusée avec une gélatine jaune côté cour tombe sur certaines parties de la scène. Tous les jours la même lumière mais jamais pareille. Comme au théâtre, tout doit rester vivant.

Gaia nous amène au bord de la rivière pour « respirer », dit-elle. Mais nous sommes loin d’imaginer que cette respiration, toutes et tous ensemble, sera le fil invisible qui nous connectera, comme les racines souterraines des arbres qui nous entourent et qui les lient les uns aux autres.

Guten Tag, Halo…restent suspendus dans l’air. Christèle se mord les lèvres avec une sensualité irrésistible, appelle Jean-Michel et embrasse l’air. Le même air qui fait tournoyer Arno autour de cette forêt de femmes qu’il découvre à chaque arrêt et qui lui donnent l’élan pour poursuivre son chemin. Ce sourire. Si j’avais eu un petit frère, j’aurais aimé qu’il ressemblât à Arno.

Adrien arrose Camille à l’aide d’un arrosoir bleu clair et sur son corps fleurit un jardin de géraniums, comme à chaque fois qu’elle nous parle et qu’elle fait fleurir en nous un monde infini.

Io sono il vento
Sono la furia che passa
E che porta con sé
Ho attraversato il deserto
Cercando di te
T’amerò
Era scritto così…

Gaia dit : « faites-vous confiance. »
Quelle immense tache elle nous donne dans ce monde où plus personne ne fait confiance à rien. Elle me donne envie d’y croire Gaia, je la regarde souvent avec mes yeux d’enfant et d’un coup tout devient possible. Même être vivante.
La robe verte de Kyeong-mee s’entremêle avec la nature, sa danse est mélodieuse et elle nous emmène faire un voyage doux. J’ai l’impression d’entendre sa musique quand elle bouge.

Je crie ALICE ! et soudain les yeux bleus d’Alice se dessinent devant moi. Quand je la regarde j’ai en même temps envie de pleurer et de l’embrasser. Nous sommes au bord de quelque chose. Derrière moi, Isabelle lit Le Monde Diplomatique, ses mots traversent ma poitrine et la peur m’envahit à nouveau. Où va-t-on finir, les artistes ?
Sur le chemin vers l’église, Chiara dessine ses étoiles comme si personne ne la regardait, je sens sa liberté envahir tout mon corps, elle est rayonnante.

Marylène traverse la rivière en nageant, vient se mettre à côté de moi et me dit tout en me regardant dans les yeux : j’ai traversé la Seine. Je n’ai plus peur à côté d’elle.

Sophie pose ses paniers près de l’arbre et nous dit : « il y a du thé glacé et du café. » Jamais je n’avais rencontré une telle générosité. Elle me laisse sans mots.

ADRIEN ! crie Véronique. Nous dormons dans sa maison où j’imagine des petits enfants courir partout. La lune nous accueille chaque nuit derrière la porte, la maison est belle, calme, je dors. Adrien apparait derrière la porte, à peine réveillé, il a un bol de porridge dans les mains et s’assoit prendre le petit déjeuner à côté de nous. « Je peux prendre un croissant ? » nous demande-t-il, puis nous regarde et sourit timidement.

Lucie danse, danse, danse. Sa présence est discrète mais tellement forte. J’ai envie d’entendre le cri de son cœur, qu’elle nous parle de sa vie, de ses amours, de ses peurs.

Sandra garde un secret profond.
Son regard est fort.
Sa lumière me traverse entièrement et me donne des frissons.

Tout va bien dit Sarah, j’ai envie de nous dire que Tout va bien.
Sarah, ma sœur, mon miroir, elle dessine le monde avec tout son corps quand elle bouge. J’espère qu’elle n’arrêtera jamais de bouger.

Ce jour où il faisait 40 degrés, il était 14h47, on était assis en cercle mais nos pieds se touchaient à peine.
J’essaye d’enregistrer chaque mot, chaque regard, chaque sourire que je porterai en moi pour toujours.

Juanita BOADA SALAZAR
Comédienne et metteuse-en-scène
Juanita Boada Salazar est une comédienne, metteuse en scène et architecte colombienne, originaire de Bogota. Après avoir obtenu son diplôme d’Architecte à l’Université de Los Andes (Colombie), elle décide de suivre sa vraie passion : le théâtre.
Depuis 2005 elle fait des stages de théâtre classique, physique, clown, improvisation et cirque. En 2011 elle dirige le cirque Los Clavos pendant une année. En 2012 elle commence sa formation à l’École International de Théâtre Jacques Lecoq, en suivant le cours d’initiation, le Laboratoire d’Étude du Mouvement (LEM), l’atelier d’écriture. En 2016 elle obtient le diplôme de l’école Lecoq et commence le Master en Études Théâtrales à la Sorbonne Nouvelle. Elle travaille également comme assistante de production dans l’atelier parisien de l’artiste plasticien Carlos Cruz-Diez.
Elle intègre la compagnie GRRR de Susana Lastreto pour le spectacle La Cerisaie, variations chantées qui a débuté l’été 2016 au Théâtre 14 (Paris) et qui a joué en 2018 au Théâtre de l’Épée de bois à La Cartoucherie. Elle rejoint Le Manoir de Paris en Automne 2019 pour le spectacle Asylum. Elle rejoint également l’Opéra National de Paris en tant que Comédienne/Mime pour la production Benvenuto Cellini (2018) mise en scène par Terry Gilliam et Leah Hausman et les productions de Simon Boccanegra (2018) et L’or du Rhin (2020) mises en scène par Calixto Bieito.
Elle est la directrice artistique de la Compagnie de théâtre Antennarius Pictus avec laquelle elle a écrit et mise en scène son premier spectacle ELLE qui débutera en février 2021 à Champigny-sur-Marne.

Souvenirs

Avec de gauche à droite : Alice GAUTHIER, Kyoeng-mee CHUNG, Isabelle COULOIGNER, Adrien DELESTRE, Arno NGUYEN, Chiara BUCHER, Juanita BOADA SALAZAR, Sarah BERTHOLON, Gaia SAITTA, Christèle ORTU, Camille Laura VILLET, Lucie BAUDON, Sandra LEVY, Véronique CAZALIERES, Marylène DUTEIL, Sophie BATSIS et le tableau de Konstantinos PAPARGIRIS
© Juanita Boada Salazar

© Juanita Boada Salazar

© Juanita Boada Salazar

© Camille Laura Villet

A l’Hôtel Chevillon
© Gaia Saitta

Déjeuner sur l’herbe dans le jardin du Prieuré
© Camille Laura Villet

 Envol de Montgolfière au-dessus du jardin du Prieuré
© Juanita Boada Salazar

Remerciements

Merci à Chloé Leray, en charge de la culture au sein de la municipalité de Grez-sur-Loing, qui nous a ouvert les portes du jardin du Prieuré et a permis, en dépit de cette période de grandes tensions et d’incertitude, aux artistes de créer et à la vie de passer.
Merci à Véronique Cazalières et Sophie Batsis pour leur participation et leur accueil exceptionnel.
Merci à Marie Cook de nous avoir accueillis à l’Hôtel Chevillon où résidèrent avant nous, entre autres, le peintre suédois Carl Larsson et le dramaturge August Strindberg.
Merci à Daniel Lettmann de nous avoir ouvert sa maison pour y loger des participants.
Et à l’année prochaine !

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