Résumé

Les chapiteaux sont presque invisibles à l’œil nu. Le geste du sculpteur a imprégné la pierre d’une énergie, d’une vigilance qui nous est communiquée par le fait d’être dans l’abbatiale, à l’écoute.

A-t-on besoin des œuvres d’art ? A-t-on besoin d’inutile ?

Krishnamurti dit quelque part qu’on ne devrait pas en avoir besoin, que si nous savions recevoir le monde tel qu’il est, elles seraient tout à fait superflues.

Il y a là un thème classique : les artistes, les poètes, tous ces êtres visionnaires, à la sensibilité captatrice, nous font voir. Ils nous mettent sous le nez ce que nous ne voyons pas, ce à quoi nous ne prêtons pas attention.

Est-ce à dire que nous voyons ce qu’ils veulent nous faire voir ?

J’aime assez le fait d’entendre le verbe « voir » dans le verbe « recevoir », même s’ils n’ont pas la même étymologie. Recevoir vient de recapeo, recapere, en latin et voir de video, videre. Rien à voir… et pourtant…

Capere signifie prendre, saisir, capturer mais aussi au sens figuré séduire, charmer fasciner… Intéressant, non ?

Capere signifie aussi comprendre, concevoir, s’approprier…

Ce verbe « capere » nous initie au processus même du voir, de la vision.

Si nous nous en tenons au sens externe, à la vue, nous voyons objectivement ce que nous voyons… mais il y a de fortes chances que cela ne nous évoque rien… que nous ne comprenions rien, n’emportions rien avec nous de l’expérience.

Extrait du texte des conférences données le 12 octobre 2015 au Lavandou, dans le cadre des 20 ans du Réseau Lalan et le 23 janvier 2016 au Golf de Fontainebleau.

Téléchargement

Télécharger le texte complet de la conférence de « L’art roman à l’abstraction » (.pdf)