« La plus haute réalisation de l’homme spirituel reste la liberté, la liberté par rapport à autrui, aux opinions, aux choses, la liberté pour soi-même.
Et c’est notre tâche : devenir toujours plus libre, à mesure que les autres s’assujettissent volontairement ».
Stefan Zweig, L’Uniformisation du monde, 1925.
L’association KhÔra Imagination s’efforce d’écouter l’Esprit du Temps et ce dernier a certainement beaucoup de choses à nous dire.
Il nous parle d’un passage, d’un retournement ou d’un changement radical de notre rapport au monde qui imprègne, de moins en moins silencieusement et de plus en plus douloureusement, tous les domaines de nos vies.
Il nous parle du passage d’une conception matérialiste et morte du monde, qui asphyxie aujourd’hui nos corps et nos âmes, à une conception cette fois spirituelle et vivante.
La poursuite de notre processus évolutif, tant sur le plan individuel que collectif, nous l’impose.
Et ce retournement, inévitablement, s’appuiera sur une compréhension artistique de ce monde qui ne concernera pas seulement l’art en tant que tel, mais aussi les sciences de la nature, la médecine, l’éducation ou encore la philosophie.
C’est notre projet au sein de Khôra, que d’œuvrer, à notre modeste échelle, dans le sens de cette métamorphose incontournable.
Depuis le XVème siècle, c’est à dire la fin de la Renaissance, le monde sensible est devenu notre seule priorité et nos âmes, rendues passives, ont perdu le sens même du monde spirituel.
Une partie de notre être s’est comme endormie au profit de la turgescence d’une autre, celle qui a généré toute cette civilisation matérialiste.
Nous nous sommes coupés de la source sacrée de la vie pour nous abreuver d’écrans. Il n’y a plus d’Autre, plus de transcendance. Mais l’art, l’art vivant, réalise justement, à chaque fois qu’il se présente, une percée vers l’Autre. Il ne saurait exister d’art authentique sans transcendance.
L’heure du réveil a sonné et toutes les crises que nous vivons : sanitaire, économique ou sécuritaire ne sont que les projections extérieures de ce réveil nécessaire et du grand effort à faire, tous autant que nous sommes, pour abandonner ce qui doit maintenant sortir définitivement de notre évolution.
Retrouver les forces formatrices imaginatives, créatrices de ce monde, qui œuvrent artistiquement et véhiculent les forces vives de l’Esprit, ou alors s’embourber et disparaître inexorablement, tel le promeneur imprudent prisonnier des sables mouvants.
Notre liberté ontologique nous confronte aujourd’hui à ce choix.
Luc TOUBIANA
Président de Khôra Imagination

© Sophie Rousseau